Lettre d’information n°59
Octobre 2022

Edito

Dans cette Navette automnale,

une large place est à nouveau consacrée à "Tissons des liens" avec un compte-rendu de cette manifestation qui a réuni

une soixantaine de personnes, agrémenté de quelques clichés pris lors de cette journée dont tous les participants s'accordent à dire qu'elle fut .riche et passionnante !

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Synergence, septembre 2022

"Tissons des liens"

6ème édition

Mémoire et histoire ouvrières

Samedi 24 septembre, s’est déroulée la sixième édition de Tissons des Liens

avec pour thème « histoire et mémoire ouvrières ».

Une soixantaine de personnes ont suivi cette journée avec deux ateliers-débats

le matin, et l’après-midi avec la présentation par leurs auteurs de quatre livres

parus récemment en lien avec ce thème.

Grâce à leurs interventions et à leur expertise, toutes les personnalités invitées

au cours de cette journée (une syndicaliste, des passeurs de mémoire, un sociologue,

des conservateurs de musée et d'archives, des historiens, un photographe)

ont suscité des échanges riches avec un public très intéressé et attentif.

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Accueil par Bernard Richard, président des AMTM

L’atelier-débat « Matériaux pour l’histoire ouvrière » (Annie Baumard, Bérengère Fall - pour Anaïs Pineau qui n'a pu venir -, Manuella Noyer) a permis d’évoquer la méthodologie de la collecte de la mémoire, la retranscription de ces témoignages (notes, travail d’écriture…), le rôle du collecteur de mémoire par rapport à la neutralité d’un thème, le devenir de ces témoignages, les outils à utiliser (bornes interactives, panneaux, parcours extérieurs avec QR code,…), la valorisation des archives, la mise en ligne et le partage des informations que permet internet, le travail de sensibilisation nécessaire du public quel qu’il soit, la diversité de publication de cette collecte…

L’atelier-débat « Image du monde du travail » (Florence Regourd, Matthieu Mitschké, Dominique Zarini) a balayé ce thème avec l’évocation de la collecte des images : montrer, décrire, inventorier, puis du pouvoir de ces images, leurs possibles détournements, manipulations, interprétations, la nécessité de caractériser ces images: s’agit-il d’images du travail ? de lieux de travail ? de personnes au travail ? la nécessité également de questionner le statut des images : volées ? esthétiques ? publicitaires ? véhicules de témoignages ? Quelle utilisation en faire ? Comment les interpréter ? Ainsi, par exemple, dans les documents iconographiques d’archives du siècle dernier, on constate fréquemment l’absence d’hommes et surtout de femmes dans les entreprises, il semble donc nécessaire d’accorder plus de place à l’humain afin de valoriser les savoir-faire par l’image dans les entreprises notamment industrielles. Cela peut permettre d’en changer la perception...

« Une photo vaut mille mots » (Matthieu Mitschké)

Marie-Hélène Chevalier, attachée

de conservation du patrimoine

aux Archives Départementales

Le travail des archives départementales, présenté par Marie-Hélène Chevalier, a permis de mettre l’accent sur l’important travail de collecte de témoignages et de leurs conditions d’utilisation (droit de retranscription, autorisation des auteurs des témoignages…), ceux-ci sont inventoriés, répertoriés dans des fonds divers en lien avec des mairies, des musées, des universités dans le but de les valoriser.

Quant au travail muséographique, pour Dominique Zarini, la question se pose de savoir comment répertorier la mémoire collectée, sous quelle forme on la collecte.

En effet, la variété des formats de support est très importante (plaques de verre, photographies, supports numériques). Comment et pourquoi choisit-on les images que l’on montre, tout choix étant subjectif... Elle a précisé que le musée travaille en interaction étroite avec les archives communales.

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Bernard Richard, Alain Gauvent, Matthieu Mitschké, Bérengère Fall, Jean-Joseph Chevalier, Florence Regourd, Dominique Zarini, Françoise Pineau, Annie Baumard

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L’après-midi fut consacrée à la présentation des livres par leurs auteurs.

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Laurent Pacheteau pour le collectif Arts-Métisse « Paroles ouvrières – des usines à la campagne ». Il s’agit d’un livre de mémoire ouvrière sous différentes formes : témoignages agrémentés de photographies, film, pièce de théâtre, permettant de rendre visibles toutes ces vies indispensables à la vie d’un territoire. Dans les années 1970-1980, les paysans qui s’appauvrissent viennent gonfler les effectifs des usines, lesquelles comptent dans les années 1980 plus de 50% de la population. La crise économique a provoqué la fermeture de certaines entreprises, cependant le monde ouvrier reste encore très présent autour de Pouzauges. Cet ouvrage a pour objectif de redonner de la dignité à l’ouvrier, bien moins considéré que le monde paysan.

Philippe Gaboriau pour « Mireille, ouvrière de la chaussure ». Il s’agit d’un travail d’enregistrement et de retranscription de propos de la tante de Philippe Gaboriau qui a abouti à un récit de vie romancé du milieu ouvrier. Il permet de faire la lumière sur les valeurs du quotidien et interroge sur le rôle des femmes dans l’industrie de la chaussure.

Catherine Marot dans son « Journal d’une ouvrière vendéenne, rebelle par obligation » dépeint sa vie d’ouvrière dans un contexte dur, vie passée à défendre ses droits et la reconnaissance de son engagement dans l’implantation du syndicalisme féminin dans les entreprises vendéennes du textile.

Jean-Joseph Chevalier pour « Bleus, rouges, blancs, histoire du mouvement ouvrier choletais 1870-1914 ». Une douzaine de dépôts d’archives a dû être consultée pour la réalisation de cet ouvrage qui recense environ 350 acteurs du mouvement ouvrier choletais pour lesquels une fiche a été faite sur chacun d’eux à l’instar du Métron de référence. L'objectif était de sortir de l’anonymat ces hommes et ces femmes (au nombre de 9) auxquels les citations donnent voix.

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Bernard Richard, Florence Regourd, Alain Pacheteau, Catherine Marot,

Philippe Gaboriau, Jean-Joseph Chevalier

Florence Regourd apporte en conclusion une mise en perspective de cette journée avec les questionnements qu’elle a suscités :

Que peuvent traduire les images ? comment les lire ? Quelle perception en a-t-on ?
Comment interroger les représentations hors du travail ? le non-travail ?
Comment démêler les mythes de la réalité ?
Comment interroger la subjectivité du support ?
Comment traiter les sources ?
Quels moyens pour transmettre les images ?
Quelle transmission en faire ? (passage de l’oralité à l’écrit sans trahir....)
Comment appréhender les limites de l’objectivité ?
Quels choix (muséographiques, iconographiques...) opérer et dans quel but ?

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Cette journée s'est clôturée par un verre de l'amitié où les échanges se sont poursuivis.

Elle fut riche en rencontres et pleine d'humanité,

chaque intervenant et chaque participant ayant à cœur de comprendre le rôle

et l'évolution d'un monde en perpétuelle mutation dans lequel cette histoire

et cette mémoire ouvrières ont une place protéiforme

qu'il est indispensable de conserver et transmettre.

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Pour compléter ce compte-rendu, retrouvez ici

le suje traité par TLC (Télévision Locale du Choletais)

lors du Journal du lundi 26 septembre.

(22) D'un musée à l'autre...

en Auvergne-Rhône-Alpes

à Chazelle-sur-Lyon (62)

Dans un lieu qui n'est pas sans rappeler l'architecture de la Rivière Sauvageau, ce musée situé dans une petite ville des Monts du Lyonnais connut plusieurs siècles de prospérité grâce à la chapellerie de feutre de poil (lapin domestique, lièvre, garenne).

Ce musée du Chapeau, devenu Atelier-Musée, ouvre ses portes en 1983 à la suite du déclin de cette mono-industrie multiséculaire, et s'attache à préserver la mémoire chapelière et la sauvegarde des savoir-faire. Il était bien normal que cette ville conserve dans un lieu-phare, la mémoire de ce riche passé...